Stéphane Le Foll, au nom du groupe S&D. – Madame la Présidente, Monsieur le Commissaire, Monsieur le Président du Conseil, je voudrais intervenir et ne pas revenir sur le débat tel qu’il s’est déroulé jusqu’ici.
On a discuté d’un budget 2011 avec les contraintes que nous savons, c’est‑à‑dire celles d’une crise profonde que traverse l’Europe avec des déficits publics au niveau national qui peuvent conduire à deux hypothèses. Soit ces déficits publics au niveau national contraignent le déficit européen, soit ces déficits au niveau national doivent donner une nouvelle orientation et un nouveau souffle à l’échelle de l’Europe. C’est là qu’est la question.
Et moi, je vous demande, Monsieur le Commissaire, d’essayer surtout, quand on discute d’une révision budgétaire, quand on va commencer à parler des perspectives budgétaires pour l’après‑2013, de ne pas rester totalement imprégné par le contexte de la crise, sauf s’il s’agit de me dire et de dire à tous les citoyens de l’Europe que, décidément, l’Europe restera longtemps dans la crise.
Tout notre problème, c’est effectivement de gérer la crise et de réduire nos déficits et notre endettement, mais c’est aussi de préparer la sortie de la crise. Et c’est là que la question budgétaire se pose. On ne pourra sortir de la crise, et ça a été dit par Joseph Daul tout de suite, que si le budget européen, parce qu’il est européen, est capable de nous donner les moyens de retrouver ce qui nous manque aujourd’hui, à savoir de la croissance, de la création d’emploi, de l’innovation, de la recherche. C’est ça l’enjeu et c’est à cette aune‑là qu’il faut discuter du budget et non pas faire comme beaucoup trop souvent nous le faisons, intégrer constamment la question de la crise, la question des déficits, et là le Conseil excelle.
J’ai noté qu’à Deauville, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont même annoncé par anticipation une réforme des traités, sans même avoir discuté de quoi que ce soit avec M. van Rompuy, pour sanctionner tous les États qui ne respecteraient pas demain une discipline budgétaire.
Voilà où on en est au niveau du Conseil aujourd’hui alors que le Parlement ne demande qu’une chose, et en particulier à la Commission, c’est d’essayer de tirer le projet européen et ça se passe au travers du budget.
Alors vous avez noté un certain nombre de choses sur lesquelles nous sommes tout‑à‑fait d’accord. Il y a besoin de plus de flexibilité. Évidemment, il faut qu’on arrive à trouver ensemble une capacité à avoir un budget beaucoup plus flexible parce que c’est une nécessité, c’est la réactivité de l’Europe qui est en jeu. Il s’agit aussi, bien entendu, de fixer des priorités et d’organiser une efficacité du budget européen. On sera tous d’accord sur le fait qu’il s’agit d’une nécessité. Mais là où il faut qu’on soit clairs entre nous, c’est qu’il faut qu’on ait un calendrier, il faut qu’on fixe ensemble des objectifs, Monsieur le Commissaire, ça ne peut pas rester que des paroles, que des engagements, que des textes qui sont d’ailleurs très intéressants et que je partage pratiquement à 100 %
Mais, maintenant, il va falloir entrer dans le concret et, en particulier, en venir à une question essentielle autour de laquelle on tourne, celle des ressources propres. Comment faisons‑nous pour avoir des ressources propres demain pour l’Europe, ou plutôt pour l’ensemble des citoyens européens, et pour retrouver tous ensemble la voie de la croissance et une voie plus forte encore pour l’Europe de demain?
C’est à vous, Monsieur le Commissaire, de nous faire des propositions ambitieuses.