Sylvie Guillaume, au nom du groupe S&D. – Madame la Présidente, je souhaite tout d’abord, moi aussi, féliciter le rapporteur pour les résultats qu’il a – non sans peine – réussi à engranger dans un dossier particulièrement délicat et épineux dans la négociation avec les États membres.
Il faut retenir à l’évidence un certain nombre de points positifs que l’on peut qualifier d’avancées certaines, même si je ne vous cache pas que mon groupe et moi-même aurions apprécié de pouvoir aller un peu plus loin dans cette réforme. Ainsi avons-nous obtenu que l’Agence se préoccupe davantage du respect des droits fondamentaux dans le cadre de ses missions. Cela paraît une évidence mais il fallait pourtant que cela soit clairement formalisé. Un officier spécialisé aura donc accès à toutes les informations relatives aux droits fondamentaux et exercera ses fonctions de façon indépendante. L’Agence devra prêter assistance aux États membres dans les situations d’urgence humanitaire et de sauvetage en mer – et nous avons vu combien cela était important ces derniers mois. Les opérations seront suspendues en cas de violation des droits fondamentaux. Les accords passés par Frontex avec les pays tiers devront répondre aux normes européennes en matière de droits fondamentaux. Le principe du non-refoulement des migrants sera respecté en toutes circonstances. Tout ceci va dans le bon sens.
Le nouveau règlement vise également à rendre Frontex plus opérationnelle. Dans cet objectif, les États membres devront s’engager de façon ferme à mettre du personnel et des moyens à la disposition de l’Agence.
Troisième avancée notoire: Frontex fera l’objet d’une transparence démocratique accrue, ce qui implique très directement le Parlement européen, encore que, dans ce domaine, les évolutions futures – je l’espère – de ce règlement devront accroître le droit de regard des parlementaires. Trois thèmes, trois types d’avancées qui sonnent comme des évidences mais qu’il a été, pourtant, bien compliqué d’obtenir.
Deux dernières idées pour terminer. Frontex est et doit continuer d’être considérée pour ce qu’elle est, c’est-à-dire un outil au service de la stratégie de l’Union européenne en matière de surveillance des frontières extérieures. Frontex n’est pas l’alibi parfait ni le repoussoir des États membres au service de leur propre politique migratoire, ce qui continuera de mon point de vue – et nous devrons travailler sur ce sujet – à poser un certain nombre de questions en matière de responsabilités respectives.
D’autre part, en plein débat sur Schengen, nous devons tous avoir en tête que la politique européenne en matière de migration a bien d’autres défis à relever que celui de Frontex dans les domaines, par exemple, de l’intégration ou de la réinstallation, ou de l’accès à une protection juste et équitable. Sur ces sujets aussi, nous souhaitons que l’Union, dans toutes ses composantes, arbore la même volonté politique. Ainsi pourrons-nous parler – je crois – d’avancées dans le domaine d’une Europe de l’asile et des migrations.