Christine Revault d’Allonnes Bonnefoy, au nom du groupe S&D. – Madame la Présidente, Monsieur le Vice-Président, Mesdames et Messieurs, pourquoi sommes-nous réunis à nouveau pour discuter de la convention d’Istanbul? J’aurais aimé répondre que nous sommes ici pour nous féliciter de la ratification par l’Union européenne et l’ensemble des États membres. J’aurais aimé dire «Oui, la lutte contre les violences faites aux femmes est une priorité absolue car il s’agit de violations graves des droits humains». Mais non, la réalité est bien plus décevante. Nous sommes ici à cause d’un mouvement de rejet et de protestation autour de cette convention. Le premier ministre slovaque déclare ouvertement qu’il refuse de la ratifier car elle serait contraire à sa Constitution et le gouvernement bulgare – alors que la Bulgarie assure la présidence du Conseil – a retiré il y a quelques jours, son projet de loi de ratification. C’est déplorable.
Les débats nationaux ont été déformés par des arguments fallacieux et de fausses idées. Non, le terme «genre» ne recèle aucune idéologie cachée, mais il permet de décrire le phénomène des violences fondées sur le genre qui ciblent des femmes parce qu’elles sont des femmes.
Ne soyons pas dupes: le refus de légiférer sur les violences faites aux femmes est un symptôme d’une régression générale de nos droits en Europe qui touche aussi les droits sexuels. Combien de barrières se dressent aujourd’hui devant les femmes qui souhaitent avorter?
Je m’adresse ici aux onze États membres qui n’ont pas encore ratifié la convention ou, pire, qui refusent de le faire. Je m’insurge contre votre choix et je dénonce vivement tout blocage ou tout retour en arrière. Tout le Parlement européen vous appelle à appliquer cette législation efficace qui a simplement pour but de protéger les victimes et de poursuivre les responsables. Le résultat en sera une société plus pacifiée, plus juste et plus protectrice.
Quant à la ratification par l’Union elle-même, les négociations n’aboutissent pas car le Conseil se retranche derrière des arguments juridiques qui ne sont pas fondés. Je vous demande, Monsieur le Vice-Président, de tenir bon afin que tout ce processus permette réellement d’aider la vie des femmes partout en Europe.