Liêm Hoang-Ngoc sur le budget européen
envoyé par www-touteleurope-eu. – L’actualité du moment en vidéo.

Alors que les blocages persistent entre Parlement et Conseil sur le budget européen, Toute l’Europe a demandé à Liêm Hoang-Ngoc, eurodéputé français membre de l’Alliance progressiste des Socialistes et Démocrates mais également économiste, s’il n’était pas nécessaire de faire preuve de rigueur budgétaire en période de crise économique, et comment l’Union européenne pourrait financer son budget, alors que la question des ressources propres est au cœur du débat.

La crise économique ne justifie-t-elle pas la rigueur budgétaire voulue par les Etats membres (qui se sont opposés à une augmentation signification du budget européen, alors que le Parlement souhaitait qu’elle soit de 6 %) ?

Pour l’économiste et eurodéputé socialiste Liêm Hoang-Ngoc, « le problème c’est qu’aujourd’hui l’Europe n’a pas la politique budgétaire qui s’impose pour faire face à la crise ». En effet il rappelle que « nous sommes en Europe en situation de sous-emploi massif », et que « dans ces conditions, se priver des politiques budgétaires nationales dans les pays où il faut relancer la demande ne permet pas de sortir de la situation dépressive dans laquelle l’Europe est entrée bien avant le commencement de la crise. Et très probablement, des politiques d’austérité coordonnées à l’échelle européenne vont faire replonger l’Europe dans la récession d’ici deux ans ».

Sur le fédéralisme budgétaire, Liêm Hoang-Ngoc considère que « Jean-Claude Trichet outrepasse ses prérogatives lorsqu’il donne des leçons de politique budgétaire. « Il fait une erreur en demandant aujourd’hui aux Etats membres , au nom du fédéralisme budgétaire, de pratiquer plus vite et plus fort la rigueur, en invitant la Commission européenne à tout faire pour que le Conseil adopte des sanctions automatiques. On est à contre-courant de ce qu’il faut faire : il faut des politiques contracycliques qui consistent à relancer en période de ralentissement et donc de permettre aux Etats de s’endetter un petit peu pour financer les bonnes dépenses », explique l’économiste.

Le député socialiste rappelle en effet que « contrairement à ce que l’on croit, ce sont les dépenses fiscales qui ont creusé les déficits ! Non pas les dépenses publiques traditionnelles qui ont été comprimées ces dix dernières années. Donc il faut faire des bonnes dépenses, dans le domaine de la recherche et du développement notamment. Et lorsque la machine est relancée on affecte les « cagnottes » fiscales non pas aux baisses d’impôts, qui ont creusé les déficits, mais au désendettement. Mais on le fera quand le plein emploi sera revenu ! »

En ce qui concerne les ressources de l’Union européenne, qui sont aujourd’hui au coeur de l’opposition entre le Parlement européen et le Conseil, Liêm Hoang-Ngoc explique qu’il existe trois manières de financer le budget européen. Les recettes actuelles proviennent ainsi du tarif extérieur commun, qui est la principale ressource actuelle, mais « a été abaissé », d’une partie de la TVA et de la contribution des Etats membres. Le tout « est largement insuffisant puisque nous arrivons cette année à peine à 130 milliards pour les 27 ».

« Une manière de faire jouer au budget européen un rôle plus actif pour accélérer la convergence des pays de l’Est et du Sud de l’Europe serait d’accroître les ressources propres en activant le deuxième mode de financement d’un budget qu’est l’emprunt, aujourd’hui particulièrement opportun en Europe où le taux d’épargne est important si ce n’est excessif » explique l’économiste. Et de préciser qu’il « peut être opportun de mobiliser cette épargne en créant ce que l’on appelle des eurobonds pour financer les objectifs de la stratégie UE 2020, dans laquelle les objectifs d’investissement et de recherche ne seront pas atteints si on se cantonne à prier pour que ces projets poussent comme des champignons sur les marchés ! ».

Enfin, sur la question de l’impôt européen, troisième mode potentiel de financement d’un budget, Liêm Hoang-Ngoc reconnaît qu’il est « tabou » du fait de la tendance ces dernières années à la baisse d’impôts. Mais pour l’eurodéputé « on peut envisager, dans le cadre de l’harmonisation des bases de l’impôt sur les sociétés, d’affecter une part de cet impôt au budget européen. Ce n’est pas très difficile et c’est l’un des chantiers affecté à la Commission ».

http://www.touteleurope.eu/