Il n’y a pas que les aventures judiciaires de M. Fillon dans l’actualité. La question -incontournable- de l’avenir de l’Union européenne doit y tenir toute sa place.
La Commission européenne a publié, aujourd’hui, son livre blanc dans la perspective des 60 ans du traité de Rome. Si le Parlement européen a apporté sa contribution sur l’avenir de l’Europe dans trois résolutions adoptées en plénière, le 16 février dernier, M. Juncker propose, quant à lui, pas moins de cinq scénarii.
Que retenir des cinq scénarii proposés par M. Juncker ? D’abord, une déception : le rôle de la Commission européenne est celui d’un moteur, qui prend l’initiative pour que l’Europe réussisse, qui a une vision politique. Là, en proposant cinq options, celle-ci laisse les États décider. On sait où cela mène. Certes, nous pouvons comprendre une forme de lassitude à être le bouc émissaire facile des renoncements des États, et l’envie de les mettre devant leurs responsabilités, pour qu’ils disent ce qu’ils veulent. Mais, dans l’état actuel de l’Europe, cela révèle un manque de vision politique de la part de M. Juncker, président de la Commission de la dernière chance.
Le scénario N°1, « continuer », comme le scénario N° 4, « faire moins et être plus efficace », n’est clairement pas crédible : jour après jour, le comportement de plusieurs États membres démontre que certains préfèrent tourner le dos à la solidarité européenne, notamment sur la question migratoire, après avoir tant bénéficié de la solidarité des autres. Parce que l’union sans cesse plus étroite ne vaut pas seulement lorsque l’on en tire soi-même un bénéfice, cette attitude n’est pas acceptable. Ce scénario-là, c’est celui du trop peu, et du toujours trop tard. Cette méthode des « petits pas » ne fonctionne plus.
Le scénario N°2, « le marché unique, rien que le marché unique », est le pire : l’Union européenne ne serait plus qu’un marché. Quelle impasse ! Sans convergence, notamment sociale et fiscale, le marché unique n’a aucune raison d’être, aucun avenir. Ce scénario, c’est celui des inégalités croissantes, qui ferait exploser encore plus vite l’Union européenne et l’euro.
Le scénario N°3, celui de « ceux qui veulent aller plus loin sont libres d’aller plus loin », n’a jamais été notre idéal. Mais nous y sommes prêts. A moins que le scénario N°5, « faire beaucoup plus ensemble », reçoive un accueil favorable des 27. C’est celui pour lequel nous plaidons.
Aussi, nous attendons de la France qu’elle s’empare de ces propositions pour enfin changer et refonder l’Europe. Dans l’Union des 27, mais aussi et peut-être d’abord dans la zone euro. Oui, les Vingt-Sept doivent travailler ensemble en matière migratoire, de défense, de sécurité, de transition énergétique et de numérique. Mais dans la zone euro, il faut une véritable convergence sociale et fiscale. Cela passe en priorité par un budget de la zone euro et les institutions qui vont avec, pour répondre à ces priorités absolues : l’emploi, l’investissement et la transition écologique.
Parce que nous aimons la France, nous aimons l’Europe, nous défendons la démocratie et la souveraineté des peuples, leur droit à disposer d’eux-mêmes. Cette souveraineté, aujourd’hui, pour s’affirmer face à Google ou Amazon, à la Russie de Poutine ou aux États-Unis de Trump, a besoin de l’Europe pour s’exprimer. Lutter contre la fraude fiscale des multinationales, c’est impossible à l’échelle d’un pays. Lutter contre le changement climatique, c’est pareil, la pollution ne connaît pas les frontières ! C’est pourquoi, nous sommes convaincus qu’une Europe refondée est le seul moyen de défendre nos valeurs et faire face aux défis et menaces du XXIème siècle.