Le Parlement européen s’est exprimé aujourd’hui par le biais du rapport de Michael Cashman sur l’état d’avancement de la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement, en vue de la prochaine participation de l’Union européenne à la conférence des Nations Unies à New-York en septembre. Sa position est claire envers le Conseil : il doit agir et prendre les décisions qui s’imposent lors de sa prochaine réunion du 17 juin, en mettant les Etats membres face à leurs engagements en matière d’aide.
En 2000 devant l’ONU, les pays riches, en tête desquels les États-membres de l’Union européenne, se sont engagés à financer une série d’objectifs en faveur des pays en développement : éradiquer la pauvreté et la faim, améliorer l’éducation et la santé, lutter contre le changement climatique.
Mais pour Harlem Désir, membre de la commission du développement au Parlement européen, force est de constater que « la communauté internationale et l’Union européenne ne se sont pas donné les moyens de tenir ces promesses. Bien sûr, l’Europe est le premier donateur international, mais elle ne peut se satisfaire, avec 0,4% du RNB, d’être aussi loin de l’objectif des 0,56% consacré à l’Aide Publique au Développement en 2010, objectif qu’elle s’était fixé elle-même ».
Pour Patrice Tirolien, également membre de la commission du développement, « le Conseil ne doit pas utiliser le contexte budgétaire actuel pour légitimer une stagnation de son aide envers les pays les plus pauvres, qui subissent encore plus violemment la crise ».
Il dénonce également « le gonflement artificiel du montant affiché de l’aide : le Gouvernement français, entre 2008 et 2009, a comptabilisé dans l’aide au développement les frais liés aux reconduites à la frontière des sans papiers expulsés ».
Harlem Désir ajoute : « Les besoins d’aide sont plus grands que jamais, notamment dans les domaines de la sécurité alimentaire, la lutte contre le changement climatique, l’école, la santé, en particulier pour les malades du VIH et la santé maternelle et reproductive. C’est pourquoi notre groupe a plaidé en faveur d’une taxe sur les transactions financières internationales qui rapporterait 10 milliards d’euros, et permettrait d’atteindre les 0,63% du RNB européen en 2012 ».
La droite européenne a refusé aujourd’hui de voter pour cette taxe. Pourtant, la taxation à hauteur de 0,05% des transactions financières que prône le Groupe Socialistes et Démocrates au Parlement européen rapporterait plusieurs dizaines de milliards d’euros par an, ce qui couvrirait largement les promesses des Etats européens en matière d’aide au développement.