Raffinage: l’Europe ne doit pas rester les bras ballants
Communiqué de presse d’Estelle Grelier, Députée européenne, et de Guillaume Bachelay, Vice-président de la Région Haute-Normandie
Une table ronde a été organisée par la Commission européenne sur « l’avenir du raffinage européen », en présence des Etats membres, des représentants des syndicats, des raffineurs et à la demande de quatre Députés européens des circonscriptions concernées (Richard Howitt pour le site de Coryton, Kathleen van Brempt pour Anvers, Wolfgang Kreissl-Dörfler pour Ingolstadt et Estelle Grelier pour Petit-Couronne). Nous y avons affirmé notre attachement à la souveraineté énergétique de l’Europe en général et à l’indispensable soutien de la puissance publique à une stratégie industrielle digne de ce nom pour les raffineries, leurs productions et leurs salariés.
Face à l’approche de la Commission consistant à « accompagner les adaptations nécessaires » et « accepter que le marché est à l’œuvre », en écho à l’urgence économique et sociale réaffirmée par l’intersyndicale de Petroplus Petit-Couronne présente en nombre ce jour à Bruxelles, nous avons plaidé pour une politique énergétique ambitieuse de l’Union européenne.
Nous n’ignorons pas les difficultés structurelles du secteur, en Haute-Normandie comme ailleurs : baisse de la demande européenne et déplacement des centres de production, ou encore inadéquation entre la production et les habitudes de consommation – l’Europe consomme deux fois plus de gazole que d’essence mais elle produit surtout de l’essence.
Reste qu’il est inconcevable de rester passifs face à ces réalités et inacceptable pour les autorités européennes de nier les dégâts de la concurrence des produits pétroliers raffinés hors d’Europe. Convaincus que le pétrole reste un pilier du mix énergétique et de la production industrielle, que la fermeture d’unités de raffinage supplémentaire remettrait gravement en cause l’indépendance de l’Europe, et que les impératifs écologiques doivent encourager la transformation de pétrole au plus près des consommateurs, nous avons formulé plusieurs pistes d’action :
- l’exemption pour ce secteur d’activité de l’application dogmatique des règles de la concurrence afin d’autoriser le versement d’aides d’Etat pour investir sur les sites performants, comme c’est le cas pour les aides sous forme de réductions de taxes environnementales ou bien les aides aux investissements visant à aller au-delà des normes communautaires de protection de l’environnement ;
- la révision du paquet climat qui, dans sa forme actuelle, favorise la délocalisation dans le but d’échapper à la mise en œuvre des règles environnementales ;
- la taxation des produits importés raffinés hors UE pour assurer l’égalité de traitement avec les productions européennes ;
- l’évolution du droit européen pour que la responsabilité en matière de dépollution des sites incombe aux propriétaires successifs des sites, et pas seulement au dernier en date ;
- l’indispensable droit de regard des autorités européennes sur les questions de restructuration des unités des production, fermetures ou rachat des sites européens par des investisseurs issus de pays émergents voulant acquérir des capacités de stockage ou logistiques pour écouler les produits raffinés hors de nos frontières communautaires ;
- la nécessité de disposer d’évaluations contradictoires et transparentes des capacités de production, et non des seules estimations des pétroliers comme ce fut hélas le cas lors de cette table ronde.
Ce sont ces propositions que nous continuerons, inlassablement, de porter dans toutes les instances nationales et européennes, afin d’assurer l’avenir des savoir-faire technologiques et humains des raffineries haut-normandes et de la vallée de la Seine.
Quelques photos de la journée (Christophe Courcoux) : http://www.flickr.com/photos/67742984@N04/sets/72157629742012436/show/