Le Parlement européen a adopté aujourd’hui le rapport d’Elisa Ferreira sur le semestre européen[1] pour la coordination des politiques économiques.
Les socialistes européens ont remporté deux victoires majeures :
– pour la première fois le Parlement européen reconnaît que les pays en excédent budgétaire ou commercial doivent stimuler leur demande. Ce message clair adressé à l’Allemagne est une avancée importante.
– autre succès socialiste, le Parlement européen demande un contrôle démocratique de la Troïka, (BCE, FMI, commission européenne).
Par contre, nous regrettons que la droite se soit opposée à la mise en place d’un budget propre à la zone euro, dont nous avons fondamentalement besoin pour financer la croissance en période de récession et réduire les divergences économiques et sociales entre pays.
Enfin, les socialistes européens avaient fait une proposition forte, la mise en chantier progressive d’un système d’assurance chômage européen. La droite a une nouvelle fois montré son visage anti social, en refusant cette proposition fondée sur le principe de solidarité.
Concernant le budget de l’Union européenne pour l’année 2014, les eurodéputé-e-s S&D ont obtenu plus de fonds pour la croissance et l’emploi. Ces fonds sont essentiels pour les 5,5 millions de jeunes en Europe actuellement au chômage.
Sur le prétendu « shutdown » européen :
Le vaudeville continue sur le budget européen. Le Conseil est chaque jour plus caricatural dans sa pingrerie. Et des eurodéputé-e-s de droite font mine de découvrir « qu’ils sont pris pour des cons » selon leurs propres mots, enfonçant ainsi des portes ouvertes et oubliant leur absence de combativité passée.
Pourtant, le problème des paiements n’est pas nouveau : 2010, 2011, 2012… tous les ans, le Parlement européen finit par accepter un budget inférieur aux besoins réels. Nous arrivons en 2014 avec un report de 20 milliards d’euros ! Combien de rectificatifs seront nécessaires ?
Alain Lamassoure, Président de la commission des budgets, est responsable de la stratégie menée pendant 5 ans, faite d’envolées lyriques et de renoncements. Il nous a régulièrement expliqué que « compte tenu de la crise, nous ne pouvons imposer un niveau de paiement supérieur à celui que les Etats membres consentent à accepter ». La réalité dont il est comptable, c’est la sous budgétisation depuis 5 ans et le délai supplémentaire empêchant le déblocage de 100 millions d’euros négociés par le Président de la République pour la France au titre du FSE 2013 : les larmes de crocodile d’Alain Lamassoure ne suffiront pas à combler le déficit de notre budget européen.
Ces gesticulations sans fin seraient risibles si elles n’étaient pas dramatiques pour les acteurs qui utilisent les fonds européens sur le terrain.
[1] Le semestre européen est le processus de coordination des politiques économiques européennes proposé par la Commission. Cet outil peut s’avérer utile s’il permet de réduire les déséquilibres macroéconomiques minant la cohésion de la zone euro. Surtout, le Parlement européen doit être doté de prérogatives équivalentes à celles du Conseil pour représenter la voix des citoyens face aux tentations du repli sur soi. Ce cycle commence avec la publication par la Commission d’un « examen annuel de croissance » qui détermine le cadre d’analyse et d’orientation des budgets des Etats membres. Le parlement européen organise avec les parlements nationaux une semaine parlementaire pour en débattre. Il revendique également de pouvoir se prononcer sur ce texte avant le Conseil européen de printemps. Les États membres doivent transmettre en avril à la Commission leurs programmes de stabilité ou de convergence et leurs plans nationaux de réforme. Après avoir analysé ces documents, la Commission élabore des recommandations spécifiques par pays qui sont ensuite validées par le Conseil européen à la fin du semestre en juin et ont vocation à être traduites par les Etats membres dans leurs budgets annuels.